L’alimentation autonome du nourrisson ou baby led weaning, c’est quoi au juste?

Par les nutritionnistes de Nos petits mangeurs

L’alimentation autonome du bébé, mieux connue sous le terme Baby led weaning, gagne en popularité. Avec l’alimentation autonome du bébé, l’introduction des aliments solides implique véritablement des aliments « solides ». Exit les purées! On offre à bébé des morceaux d’aliments qu’il prend lui-même de ses petites mains et les porte à sa bouche… ou essaie de le faire!

De plus en plus de parents sont attirés par ce mode d’alimentation, mais quels sont ses avantages et ses risques?

Points forts

La méthode a plusieurs avantages.

Premièrement, puisqu’il faut attendre que bébé soit capable de tenir assis sans aide et de manipuler des aliments, il y a peu de chance que l’introduction des aliments complémentaires (des solides, autrement dit) se fasse trop précocement (c’est-à-dire avant 4 mois). L’allaitement exclusif (ou les préparations pour nourrissons) est alors priorisé jusqu’à l’âge de 6 mois, tel que le recommandent Santé Canada et l’Organisation mondiale de la santé. Il serait évidemment tout à fait inapproprié de donner des morceaux d’aliments à un bébé couché ou qui ne peut pas tenir sa tête.

L’alimentation autonome du bébé facilite la préparation des repas parce que bébé mange la même chose que le reste de la famille. Cependant,  certaines pièces de viande, mets composés ou aliments très sucrés, très salés ou frits ne lui conviennent pas. Il faut donc prévoir régulièrement des aliments-juste-pour-lui.

Cette méthode permet au bébé de décider des quantités qu’il mange, sans pression. Or, que les aliments soient en morceaux ou en purée, et que bébé mange seul ou avec de l’aide, c’est un principe de base très important à respecter! Il ne faut ni restreindre ni forcer un bébé à manger, ce qu’il est plus « facile » de faire quand on nourrit bébé avec la cuillère.

Points faibles

Au moins trois inconvénients sont souvent associés à l’alimentation autonome du bébé : les dégâts, le gaspillage et la durée des repas.

Cela étant dit, bébé manipulera tôt ou tard des aliments, cela fait partie de l’apprentissage de l’alimentation, et les dégâts accompagneront inévitablement les découvertes. Idem pour le gaspillage. L’idéal est d’offrir des petites quantités d’aliments à la fois afin de réduire les pertes.

Avec l’alimentation autonome du bébé, on gagne peut-être du temps en préparation des aliments (pas de purées à faire), mais on en passe beaucoup plus à manger – ou à regarder bébé manger! Des tout-petits de 15 mois prendraient 50% plus de temps à s’alimenter. C’est probablement encore plus long à 6 ou 8 mois. Mot d’ordre : patience.

Des craintes

Alimentation équilibrée? Ce n’est pas clair si l’enfant qui se nourrit lui-même mange suffisamment pour combler ses besoins. Trop peu d’études ont évalué cela à long terme. Il est primordial de bien planifier l’alimentation autonome du bébé en offrant des aliments nourrissants, contenant non seulement des vitamines et des minéraux, mais aussi des calories. Les fruits et les légumes, c’est bien, mais les enfants ont besoin de beaucoup plus. Aussi, il ne faut pas tomber dans le piège des aliments qui se mangent bien avec les doigts, mais qui ne sont pas des aliments nourrissants (croustilles, biscuits du commerce,…).

Manque de fer? À partir de l’âge de 6 mois, bébé a un pressant besoin d’aliments riches en fer. C’est pourquoi on recommande les céréales pour bébé enrichies de fer et les aliments du groupe viandes et substituts comme premiers aliments à introduire dans son alimentation.

Or, les premiers aliments offerts dans le cadre de l’alimentation autonome du bébé sont souvent les légumes et les fruits. Ils ne fournissent pas suffisamment de fer pour couvrir les besoins de bébé. Afin de prévenir les déficiences, il est important de lui offrir chaque jour une bonne source de fer telle que le foie, les coupes tendres de bœuf, le brun du poulet, etc. Plusieurs parents choisissent de donner quotidiennement des céréales pour bébé enrichies en fer à leur poupon, tout en conservant le mode d’alimentation autonome pour les autres aliments. Cela peut être une stratégie gagnante.

Risques d’étouffement

Beaucoup de parents et de professionnels de la santé s’inquiètent du risque d’étouffement. Le risque est présent, c’est vrai. Comme le risque est aussi présent avec tous les jeunes enfants pendant les premières années de leur vie. Les cas rapportés d’étouffement avec l’alimentation autonome du bébé ont eu lieu avec des aliments non sécuritaires comme une pomme crue.

Les bébés qui mangent des aliments en morceaux ont des « hauts le cœur » si les aliments mal mastiqués vont trop loin dans leur bouche. C’est ce qu’on appelle le réflexe nauséeux (gag reflex). C’est une réaction qui permet de ramener les aliments vers l’avant dans la bouche afin de poursuivre la mastication (avec les dents ou les gencives). Il faut donc différencier le réflexe nauséeux de l’étouffement.

Précautions pour prévenir les étouffements :

  • Éviter les aliments durs, ronds ou collants (dont le pain, car la mie est très collante une fois mélangée à la salive);
  • Toujours asseoir bébé confortablement;
  • Toujours être près de bébé lorsqu’il mange.
  • S’informer des gestes à poser en cas d’étouffement avéré

Convient à tous?

L’alimentation autonome du bébé peut ne pas convenir à certains poupons. Un bébé qui prend un peu plus de temps à développer sa motricité risque de ne pas être apte à se nourrir adéquatement. Ces nourrissons vulnérables pourraient se retrouver en sous poids.

Si vous décidez d’explorer l’alimentation autonome du bébé, veillez à bien vous renseigner. Et vous pouvez également offrir des céréales pour bébé enrichies de fer et même d’autres purées à l’occasion. Être flexible ne peut qu’être avantageux en profitant des points forts de chaque méthode.

Gardez en tête également que le lait maternel ou la préparation commerciale pour nourrisson reste l’aliment principal pendant la 1ère année de vie de l’enfant et que les aliments solides sont « complémentaires » au lait.

 

Date de publication: mars 2014